INTERVIEW DE RENAUD HANTSON
Réalisée le 01.12.2012
Depuis la sortie de « Poudre aux yeux (Sexe & Drogues & Show Business) », tu sembles déborder de projets (pour Satan Jokers, Furious Zoo ou Renaud Hantson sans oublier les nombreux concerts et tes cours de chant et de batterie). Que nous réserves-tu pour les mois à venir ?
Renaud Hantson : Je vais essayer d’apprendre à m’occuper de moi. J’ai un gros examen médical que je devais passer en novembre, que j’ai annulé car je ne sentais pas la façon de procéder de la clinique et que je vais repasser en janvier 2013 par l’intermédiaire du Docteur Laurent Karila avec qui j’ai déjà vérifié l’état de mon cœur puis fait un bilan ORL et pulmonaire. Il ne resterait que l’état de mon cerveau et j’aurai fait un bilan complet que j’appelle la vérification des 50 000 à l’approche de mes 50 ans ! Je ne les fais pas, je le sais bien mais je vais bel et bien les avoir. Le travail thérapeutique, qui a démarré il y a plus d’un an et demi, se poursuit donc dans une aide de sa part à me faire faire les examens correspondant à ce que je dois vérifier concernant ma santé suite aux 17 années d’addiction que j’ai vécues. Je me suis engagé sur de nombreux projets, Furious Zoo, Satan Jokers et Hantson en solo dont j’ai véritablement repris les rênes via les concerts que nous donnons en trio ou en quintet et je suis toujours sur les corrections de l’écriture de mon deuxième livre. Même si Satan Jokers est peut-être censé faire un break pendant quelques temps, je vais me concentrer sur l’élaboration d’un nouvel album solo pour lequel j’ai déjà 16 titres écrits. Je vais également m’atteler à un album de blues pour Furious Zoo et je vais donner de nombreux concerts dont ceux, très importants, des 29 et 30 mars 2013 au Pacific Rock à Cergy où je fêterai mon demi-siècle !
De rares mais importants passages TV t’ont montré d’une sincérité désarmante concernant la difficulté de mettre fin à une addiction qui a duré 17 années. Peux-tu nous en dire plus sur ce sujet?
Renaud Hantson : Cherchant à servir de guide pour certains et faisant un véritable travail de prévention concernant les drogues en général et la cocaïne principalement, je me vois difficilement cacher que j’ai déjà vécu de nombreux faux-pas et quelques rechutes. Il m’est totalement impensable de me sentir complètement à l’aise sur le sujet et je suis l’exemple vivant que faire croire aux jeunes générations que cette drogue est juste festive, qu’on ne s’y accroche pas et qu’elle est simplement psychologique est un leurre absolu. C’est une véritable mise en garde que je souhaite donner car c’est bien plus complexe encore que ce que je viens de dire et c’est tout le sujet du deuxième livre que je finalise actuellement et dont le titre provisoire est « Homme à Failles ». Je sais combien ce titre correspond au contenu du bouquin car c’est un peu un tome II à « Poudre aux Yeux » qui parlait déjà de sexe, de drogue et de musique.
Flammarion ne semble sur ce sujet pas le bon éditeur pour publier ton deuxième essai plus trash et explicite. Est-il toujours d’actualité que tu sortes « Homme à Failles » le 29 mars 2013 pour tes deux concerts anniversaire qui auront lieu au Pacific Rock à Cergy et peux-tu nous parler de ces dates ?
Renaud Hantson : Pour la date de sortie, rien n’est moins sûr car mon éditeur depuis le début fait preuve d’une grande sincérité et d’une importante motivation par rapport à mon travail d’écriture. Je pense que le sujet du deuxième étant effectivement plus cash et faisant à nouveau partie d’un aspect thérapeutique que je souhaite développer plus que d’un aspect littéraire, Flammarion n’est pas le bon interlocuteur et n’est pas motivé pour travailler sur ce tome II. Je n’avais pas tout dit dans le premier et nous avons choisi un abécédaire comportant sept mots par lettre pour exprimer ce que j’avais laissé de côté dans mon autobiographie. Bien entendu, je n’ai choisi que des mots très « explicites » qui vont d’addiction, à animateur, drogue, en passant par phobies, quinquagénaire, sexe ou xénophobie. Les démarches pour sortir chez un autre éditeur plus Rock n’étant pas si simples pour moi que de faire un disque, il n’est pas évident que je puisse le sortir pour les 29 et 30 mars lors de mes concerts parisiens. Ces concerts seront une véritable fête pour tous ceux qui seront présents. Je serai entouré de nombreux musiciens et invités. Une première partie, qui devrait être Pablo Villafranca découvert dans « Les Dix Commandements », ouvrira le bal pour une trentaine de minutes, Furious Zoo & Satan Jokers viendront me rejoindre sur scène pour 3 ou 4 titres chacun afin de faire découvrir en live ces projets aux fans car l’essentiel sera bien entendu un résumé complet de tous les albums solo de ma carrière déjà longue. De belles surprises attendent les plus rapides qui auront réservé leurs places, un gros stand de merchandising avec CD, photos, vente de nouveaux t-shirts “spécial anniversaire” et très certainement un stand de tatouage, plus de 3 heures de musique, une très grosse séance de dédicaces, bref c’est un peu tout mon univers qui sera représenté dans la salle.
Tu viens de sortir « La Fissure du temps » qui est une réédition des albums de 2002 et 2008 incluant 8 inédits. Peux-tu nous parler des clips et du contenu de cet album ainsi que ce qui t’a motivé à sortir ces rééditions ?
Renaud Hantson : L’album de 2002 et celui de 2008 sont sortis sur deux labels qui n’ont pas véritablement effectué de grosse communication alors que selon moi les titres de ces disques méritaient qu’on s’y attarde. J’ai donc choisi de les réorchestrer avec mon pianiste et arrangeur Didier Escudero pour rééditer ces CD en un format double album avec un très joli livret de Patricia Parent comprenant 24 pages avec de nombreuses photos et les textes correspondants. Didier a fait un énorme travail sur la restauration, les arrangements et le remixage de ces chansons. Les huit titres inédits sont « Lucie » de Daniel Balavoine », « J’aurai l’air de quoi » de Philippe Cataldo et des chansons composées avec Francis Lalanne, Frantz Fagot, Didier Escudéro…. C’étaient des chansons qui dormaient dans mes tiroirs et qui avaient pour la plupart été enregistrées chez Frantz Fagot, mon fidèle partenaire guitariste et programmateur présent depuis mes débuts avec qui j’avais déjà cosigné quelques chansons. A la réécoute de ces inédits, j’ai réalisé que je ne pouvais pas les laisser de côté car je pense par exemple que ma version de « Lucie » de Daniel Balavoine est plus qu’écoutable. Le titre de Cataldo, dont ce n’était pas le grand succès « Les Divas du dancing », était à mon goût plus intéressant encore. Pour le reste, c’est du pur Renaud Hantson que je vous laisse découvrir. On m’a longtemps vu dans les années 90 comme un nouveau Daniel Balavoine car, quand un artiste disparait, on cherche toujours un « remplaçant » à celui-ci. Cela fait très certainement partie des raisons pour lesquelles je me suis autant abîmé pendant 17 années car j’avais parfois la sensation d’être entouré de « fantômes ». Les clips que je fais aujourd’hui avec des réalisateurs comme Stéphane Lecamp, Sand Mulas, Isabelle Gauthier ou encore Philippe Wagner (mon fidèle photographe depuis près de 30 ans, réalisateur du premier DVD de Satan Jokers) reflètent tout à fait la personne que je suis devenu et sont autant de messages cherchant à habiller exactement telles que je les vois les chansons que j’interprète, beaucoup plus que certains clips passés à une époque sur des chaines populaires ou que certaines émissions TV que j’ai faites en playback auparavant.
Quelques mots sur la parution de ce que tu annonces comme étant le projet le plus proche de ta personnalité musicale réelle, à savoir « Wock n’ Woll – Furioso VI » du groupe Furious Zoo sorti en avril 2012.
Renaud Hantson : Furious Zoo est en effet le projet musical qui me ressemble le plus. Aujourd’hui, le line-up avec Mike Zurita à la guitare qui m’accompagne sur tous mes projets (aussi bien Satan Jokers qu’Hantson en solo), Julien Loison à la basse et le fidèle Joe Steinmann à la batterie pratiquement présent depuis les débuts du groupe, est le mieux accueilli par le public et le plus cohérent à mon sens. Nous en sommes au sixième album de ce groupe qui est certainement le plus réussi et qui comprend un maximum de chansons reflétant tout ce que j’aime dans le métissage entre le Rock dur, la Soul et des mélodies plus FM. Je crois que nous avons vraiment réussi avec « Wock n’ woll » à faire la synthèse de ce que j’aime dans le Rock américain, dans le Hard Rock et dans ce que je peux parfois faire dans ma carrière solo. Chaque fan de Renaud Hantson branché par ma carrière Pop devrait jeter une oreille à ce groupe que je compte faire perdurer le plus longtemps possible tant je m’amuse à jouer dans des clubs. Ce genre d’endroits permet une proximité avec le public que je ne peux pas avoir dans mes concerts solo ou lorsque je joue avec Satan Jokers. Furious Zoo a été un des premiers éléments de ma motivation à changer ma vie pour retrouver le goût au live, à l’écriture de chansons et au fait de chanter en public, et ce dès 2006 avant ma rencontre avec Laurent Karila et la thérapie entreprise avec lui.
D’ailleurs tu renouvelles ta collaboration avec le Docteur Laurent Karila pour l’écriture d’un deuxième concept-album pour Satan Jokers ton projet Metal. Peux-tu nous parler du projet « Psychiatric » qui sort le 5 janvier 2013, jour du Satan’s Fest IV, et ce festival sera-t-il véritablement le dernier et fera-t-il partie des ultimes dates du groupe ?
Renaud Hantson : Je pense en effet qu’il sera difficile dans un laps de temps aussi rapproché de faire aussi puissants et novateurs que les albums « AddictionS » sorti il y a maintenant un an et « Psychiatric » incluant le premier DVD officiel de Satan Jokers, qui, je le rappelle pour ceux qui ne me connaissent que pour ma carrière solo, reste un groupe culte du Metal francophone depuis les années 80. Le contenu de la musique de ce groupe explique parfaitement ce que je suis musicalement. Au-delà du fait de m’avoir aidé dans mon changement de cap personnel, la rencontre avec Laurent Karila, a permis à Satan Jokers de faire, avec ces albums, quelque chose de très original et créatif. « Psychiatric » est un véritable manuel de psychiatrie décrivant tout ce qui peut se passer dans le cerveau de gens pas tout à fait comme les autres. Le DVD quant à lui comprend trois chapitres :
- le Satan’s Fest III où nous avions joué l’intégralité de l’album « AddictionS » plus quelques anciens titres connus des spécialistes du genre
- un chapitre comprenant tous les clips du groupe
- un chapitre incluant des images globalement inédites du line-up des années 80.
Je pense malgré tout cela que Satan Jokers risque d’entrer dans une période de break car nous ne sommes définitivement pas le pays du Hard Rock. Il est totalement illogique que, malgré la profusion de salles et d’associations en tous genres concernant le Metal, le groupe ne tourne qu’un an après la sortie d’« AddictionS » car nous n’avons ni management ni production de spectacles ou tourneur. Pourtant, la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et la Toxicomanie) s’intéresse toujours au projet du Docteur Karila et moi-même, nous repassons en commission en janvier 2013. Nous ne savions pas que les deux clips « Euphorie » et « Substance Récompense » (dont nous avons supprimé depuis les premières versions sur le Net) comprenaient des images libres de droits que nous avons prises sur un site qui s’est révélé géré par la Scientologie. Or aucun membre du groupe ni aucune personne autour de moi n’est scientologue ! C’est donc à nouveau un manque de chance et quelque part, je ne veux pas faire de mysticisme mais un « karma » toujours quelque peu négatif qui règne autour de ce groupe (est-ce à cause du mot Satan, je ne sais pas mais en tout cas il y a quelque chose d’étrange autour de cette formation) qui font que cela n’est pas passé comme une lettre à la Poste vis-à-vis des décisionnaires de cette commission qui évidemment ne peut pas cautionner des images émanant de la Scientologie. Je l’ai déjà dit, je me fous éperdument de Tom Cruise et de tout ce que représente cette secte, comme toutes les autres d’ailleurs ! Par contre, je fais une affaire personnelle que Satan Jokers laisse une trace de son passage, une trace différente de celle des autres groupes français dans le genre. Nous nous battrons donc pour que ce projet soit utilisé à l’avenir dans les hôpitaux, les écoles, les prisons, divers colloques et nous remanierons la présentation du concept jusqu’à ce que cette commission estime que notre travail est plus parlant que bon nombre de projets en la matière pour la prévention contre les Drogues et la Toxicomanie.
